« Il mâche du papier, lèche les fenêtres, mange de la terre… Je ne comprends pas pourquoi. »
« Nous avons exclu les parasites et fait des analyses de sang, mais rien n’explique cela. »
« On me dit que c’est un comportement, mais je ressens que c’est plus profond. »

Si vous êtes parent d’un enfant autiste qui a des envies inhabituelles de craie, de papier, de sable, de ficelle ou même de petits cailloux, vous avez peut-être entendu parler du pica. Mais de quoi s’agit-il vraiment ? Et que cherche à exprimer le corps à travers cela ?

Le pica n’est pas une simple bizarrerie

Le pica est le fait de manger de manière répétée des éléments non alimentaires. Bien qu’on le considère souvent comme une particularité sensorielle ou comportementale, il peut refléter un déséquilibre plus profond : carences nutritionnelles, troubles digestifs, surcharge toxique ou encore stratégie d’apaisement du système nerveux.

Certains enfants :

  • Cherchent à se calmer ou à s’ancrer par une stimulation orale.
  • Recherchent une texture, une pression ou une température particulière dans la bouche.
  • Exprimeraient une carence sous-jacente à travers des envies inhabituelles.

Causes possibles

  • Carence en zinc ou en fer — même avec une alimentation équilibrée, l’absorption peut être perturbée.
  • Inflammation chronique ou malabsorption, souvent liée à un déséquilibre intestinal.
  • Prolifération de levures ou parasites — ils peuvent induire des envies alimentaires atypiques.
  • Surcharge toxique — le corps peut tenter de se rééquilibrer ou d’éliminer par des biais inhabituels.
  • Besoin sensoriel — la stimulation orale apporte un apaisement chez certains enfants.
  • Contexte émotionnel difficile ou besoin de sécurité affective, notamment dans les situations de stress, de séparation ou de changements.

Une approche homéopathique du pica

Le pica n’est pas un symptôme isolé ni un comportement à corriger. C’est un signal — une manière pour l’organisme d’exprimer un besoin.

En homéopathie, nous cherchons à comprendre l’individu dans sa globalité. Nous observons la relation de l’enfant à son environnement, ses sensibilités, son sommeil, sa digestion, ses émotions, et les changements récents.

Nous prenons également en compte l’étiologie — ce qui a pu précéder l’apparition du pica : infection,  médicament, période de stress etc. Comprendre ce qui a déclenché le déséquilibre nous guide vers une résonance plus juste.

Dans de nombreux cas, le pica fait partie des expressions corporelles qui s’apaisent rapidement avec un soutien homéopathique bien adapté. Une fois l’organisme doucement réaccordé, ces envies s’estompent souvent, avec en parallèle des changements plus profonds : apaisement, meilleure attention, sommeil plus régulier, plus grande stabilité intérieure.

Il ne s’agit pas de faire taire le comportement, mais d’écouter ce qu’il cherche à exprimer.

Remèdes homéopathiques fréquemment associés

Le remède est toujours choisi en fonction de l’ensemble de la personne, mais voici quelques pistes lorsque le pica fait partie du tableau :

  • Alumina : Mange de la craie, du papier, des objets secs. Confusion, lenteur, constipation, grande frilosité.
  • Calcarea carbonica : Envie d’œufs, de substances non digestes. Frileux, prudent, lent à se développer. Souvent un enfant calme, un peu « dans sa bulle », avec des peurs.
  • Silicea : Envie de sable ou de terre. Timide, fragile, difficulté d’assimilation. Infections répétées, fatigue chronique.
  • Cina : Envie de sucreries et de choses inhabituelles. Irritabilité, agitation, tendance à grincer des dents. Souvent lié à une infestation parasitaire.
  • Veratrum album : Forte envie de glace ou d’aliments très froids. Intensité émotionnelle, agitation physique, troubles digestifs.
  • Medorrhinum : Besoin de fruits acides, d’aliments crus. Comportements extrêmes, sensibilité émotionnelle intense, tendance à l’impulsivité.
  • Tarentula hispanica : Besoin de mâcher ou mordre, grande énergie, impulsivité. Mouvement rapide, créativité, goût pour la musique.
  • Nux vomica : Envie de craie, stimulants, aliments épicés. Irritabilité, hypersensibilité sensorielle, troubles digestifs.
  • Ignatia : Sensibilité intérieure, chagrin silencieux, réactions paradoxales. Envie d’aliments inhabituels lors d’un bouleversement émotionnel.
  • Staphysagria : Émotions retenues, vécu de non-respect ou de blessures anciennes. Envie de choses inhabituelles, tendance à se refermer.

Ce n’est là qu’une courte sélection, le bon remède dépend de bien plus que de la seule envie d’ingérer des choses indigestes.

Ce qui peut aussi soutenir l’équilibre

Pendant que l’organisme retrouve un nouvel équilibre, certains gestes peuvent renforcer le mieux-être :

  • Une alimentation simple, nourrissante, et riche en minéraux : bouillons, légumes fermentés, graisses saines, algues.
  • Évaluer les minéraux par une analyse capillaire, pour explorer les éventuelles carences ou surcharges toxiques.
  • Prendre soin du microbiote : en particulier en cas de levures ou parasites.
  • Réduire les perturbateurs : additifs, colorants, sucres raffinés, produits ultra-transformés.

 

En conclusion

Le pica peut paraître déroutant, mais dans l’accompagnement homéopathique, il s’intègre souvent dans un ensemble d’éléments qui peuvent s’harmoniser progressivement. Ce n’est pas seulement une question de comportement à modifier, mais une invitation à écouter autrement, et à soutenir l’enfant dans son équilibre profond.